du Bonnie Blue Flag

du Bonnie Blue Flag Berger Kangal

Berger Kangal

Le kangal, chien de protection

HISTORIQUE :


Seuls les occidentaux ont décidé qu’il n’y avait qu’une seule race en Turquie qu’ils ont nommé « Berger d’Anatolie ». Or, là-bas, « Coban Kopegi », littéralement « chien de berger », est le terme pour désigner, sans distinction de race, tous les protecteurs de troupeau. En France, nous avons bien plusieurs races de chien de Berger sur une petite superficie (Beauce, Brie, Picardie), le Portugal, petit pays, à bien quatre races de chien de protection. Et la Turquie, dont la superficie fait une fois et demi celle de la France, avec son relief accidenté et son histoire mouvementée se verrait imposer une seule race. Quelle ineptie !



La Turquie, anciennement Asie mineure, est un pays très étendu, 1500 km d’est en ouest et 600 km du nord au sud. Baignée par quatre mers (Noire, Méditerranée, Égée et Marmara) soient 8000 km de côtes, la péninsule anatolienne est une région de hautes terres. Au centre, le plateau d’Anatolie s’élève jusqu’à 2000 m à l’est. Au nord se situe la chaîne pontique qui domine la mer Noire, au sud se situent les Monts de Taurus au dessus de la méditerranée. A l’est, aux confins de l’Arménie, se dresse le Mont Ararat à 5165m, point culminant de la Turquie dans une région très montagneuse.


Le climat continental et aride du plateau d’Anatolie se définit par des étés très chauds et très secs, par des hivers très rigoureux et par des grands écarts de températures entre les jours et les nuits.


L’histoire de la Turquie est très mouvementée et très ancienne. De nombreux peuples au fil des siècles et des invasions se sont succédés et chacun y a laissé son empreinte. Ce pays complexe ne peut ni ne veut avoir une seule race, mais non cynophile, il n’a pas su jusque là se défendre des initiatives de l’occident qui lui a imposé le Berge d’Anatolie sans aucun respect de ses convictions.
Mais la Turquie a décidé de se réveiller et commence depuis quelques années déjà à s’intéresser à ses différentes races régionales et plus particulièrement à l’une d’entre elles, le Kangal, emblème de ce pays. Chacune de ces races est adaptée à un type de troupeau, à un mode de vie et à des besoins spécifiques des habitants de sa région. L’histoire de celle-ci a aussi un rôle prépondérant dans l’apparence du chien.


Ces races, par leur isolement géographique, les particularités de leur milieu et l’action très limitée de l’homme dans le contrôle des accouplements pourraient être considérées, selon la définition donnée par le professeur Denis, comme des races primaires. Trois d’entre elles sont déjà mises en valeur à des degrés divers et étudiées par d’éminents scientifiques et vétérinaires turcs.


Dans la région très accidentée, située au nord est de la Turquie, dans les provinces de Kars et d’Ardahan et dans une partie de celles d’Arhin, Erzurum, Agri et Igidir, vit une race très proche du Berger de Caucase, le berger de Kars. Ce nom lui a été donné voici quelques années en rapport avec sa région d’origine. Ce chien à poil long pour lequel toutes les couleurs et combinaisons sont admises prend le plus souvent des teintes sombres mieux accordées à celles des moutons fauves roux et des chèvres qu’il protège. Ces chiens sont un peu plus petits que leurs homologues des autres régions.
Dans l’ouest de la Turquie, dans un triangle qui couvre en partie les provinces d’Ankara, Konya, Afyon et Eskisehir, on rencontre les Akbashs, littéralement tête blanche, similaires à tous les chiens de protections blancs européens. Leur couleur leur permet de se fondre au milieu des troupeaux. Ce sont de grands chiens, très sociables avec les humains et très efficaces comme protecteurs. Tous les chiots naissent blancs et les portées sont très homogènes. Par contre ils peuvent être à poil long ou court.


Dans le centre de la Turquie, dans la province de Sivas et les provinces avoisinantes comme la cappadoce ( Kayseri), Tokat, Erzincan et Malatya, vit une race magnifique, le Kangal, qui fait couler à tort beaucoup d’encre. Cette race, associée historiquement à la ville de Kangal située dans la province de Sivas, a un statut particulier en Turquie. Considérée comme un trésor national, elle est la fierté de tous. Auréolée de légendes, elle est brandie tel un étendard ces grands chiens au poil court et dense, de couleur claire (sable à gris) de la même teinte que les moutons qu’ils protègent et que la terre sur laquelle ils évoluent, au masque noir, sont des protecteurs de troupeau hors pair.


Ces dernières années, plusieurs symposiums ont été organisés en Turquie, le premier en 1996 pour déterminer les caractéristiques de toutes ces races et du kangal en priorité et faire le point sur les recherches et la sélection. En 2003, un grand symposium international a apporté beaucoup de réponses à de nombreuses questions et a démontré la détermination et l’intérêt de la Turquie pour ses races et pour le Kangal en particulier.
Depuis 1999, un festival a lieu tous les ans organisé par la ville de Kangal et attirant chaque année plus de participants. En 2003, environ 300 chiens ont été jugés, une sélection a lieu le veille du Festival et seuls les meilleurs concourent le lendemain. C’est ainsi que quelques personnes tentent leur chance avec des non Kangals mais sont refoulés lors des sélections. Ce type de manifestation présente un intérêt certain car il met en contact des personnes qui, par ailleurs ne se seraient jamais rencontrées. Cela pourra encore améliorer la sélection au sein de la race.


Il est heureux de constater que les instances de la région ont pris conscience de l’urgence de réagir pour sauver leur race, pour la protéger et la conserver aux mieux de ses intérêts. Avant que les américains et les européens ne s’intéressent aux chiens turcs et ne les sortent du pays, les habitants n’avaient aucune raison particulière de protéger les Kangals. Imaginez un seul instant leur réaction en entendant parler du berger d’Anatolie dont ils ignoraient jusqu’à l’existence, comme race unique en Turquie. Un autre danger guettent les Kangals. C’est la raréfaction des bergers, les troupeaux de moutons diminuent, les chiens perdent leur utilité. Dans le même temps, les maladies déciment les portées, surtout la parvovirose, et entraînent chez les chiots une mortalité pouvant atteindre 90%.


A l’étranger, de nombreux amateurs se sont mobilisés et tentent d’aider la Turquie à faire reconnaître le Kangal par les instances cynophiles internationales, afin de lui conserver ses fonctions et ses qualités ancestrales qui font de lui ce chien si fier, si efficace et si attachant.
C’est pourquoi en 2001 j’ai crée le Kangal Club de France qui regroupe de vrais passionnés, soucieux de rendre au Kangal son identité en lui conservant son authenticité et sa rusticité originelles.


 


Quant au Berger d’Anatolie, si cher aux détracteurs du Kangal, il pourrait être apparenté à une race dérivée. En effet, il est issu de croisements souvent aléatoires, sans sélection, du moins en Turquie, des différentes races primaires qui s’y trouvent. C’est la raison pour laquelle elle manque tant d’homogénéité même aux Etats-Unis où elle est pourtant élevée depuis longtemps. Le but n’est pas de la dénigrer mais juste de montrer la différence avec les autres races turques bien plus homogènes. Une portée d’Akbash ou une portée de Kangal présente une grande homogénéité. Dans une portée de Berger d’Anatolie on a de tout. Peuvent s’y côtoyer des poils longs et courts, toutes sortes de couleurs, de taches, de grosses têtes, des nez pointus, des chiots fins ou osseux au gré des aléas génétiques. Chaque éleveur a alors le choix de son type de Berger d’Anatolie et le standard est si peu précis qu’ils sont tous acceptés.


Alors permettons au Kangal, à l’Akbash, au Kars et peut être à d’autres races régionales de s’exprimer afin de conserver à chacune son identité propre, liée à la culture des habitants qui partagent leur vie.




QUALITES PHYSIQUES : 


Authentique, rustique et primitif, le Kangal est un grand chien puissant sans lourdeur. Le poitrail large mui permet d’affronter le prédateur et l’arrière plus étroit mais très musclé lui permet de se mouvoir avec aisance sur les hauts plateaux d’Anatolie et dans les pentes escarpées et rocheuses, de se déplacer très rapidement autour des troupeaux lors d’attaques de prédateurs (le plus souvent des loups).
Sa vitesse de pointe peut atteindre 60 à 70 km/heure.
Il est de couleur sable avec un masque et des oreilles noires. Cette teinte n’a pas été sélectionnée par hasard. Elle s’apparente à celle des moutons dont il a la responsabilité et à celle de la terre sur laquelle il évolue. Il se fond ainsi dans le paysage et se rend invisible, un atout pour surprendre les prédateurs.
En Turquie, les Kangals sont essoreillés ce qui présente deux avantages :
- l’un hygiénique (ni otites, ni parasites)
- l’autre protecteur (pas de prise en cas d’agression des loups)
Les pattes avants sont dotées de deux doigts plus long qui permettent au chien de grimper, de s’agripper facilement aux rochers.
Le poil du Kangal est court et rêche, son sous poil abondant et très serré lui permettent de supporter les étés torrides et les hivers neigeux et glacés. La neige ne peut geler sur son poil et ne l’alourdit pas. Il reste ainsi libre de ses mouvements, mobile et rapide. Le Kangal ne nécessite que très peu d’entretien. Il n’a jamais de nœuds et la végétation n’a pas de prise. Le Kangal est frugal, il mange modérément, n’est pas vorace, ni même gourmand. Il reste ainsi sec, sans graisse superflue. Cependant il a besoin d’une nourriture de bonne qualité. C’est un chien de constitution robuste, sans maladie particulière. Il convient juste d’être prudent pendant sa croissance afin d’éviter les risques de dysplasie coxo-fémorale, de bien le vermifuger, de le déparasiter, de le vacciner régulièrement pour avoir un compagnon à la longévité intéressante pour un grand chien (environ 12-13 ans).



QUALITES CARACTERIELLES ET FONCTIONNELLES :


Le Kangal est un outil de travail doublé d’un compagnon fidèle et fiable. D’un tempérament calme, équilibré, pondéré, ce chien possède un immense instinct de protection inné, une forte complicité avec con maître, un profond attachement à son troupeau et un amour immodéré des enfants.
Son sens de la hiérarchie est réel et s’il est têtu et assez indépendant, il n’en est pas moins proche de son maître. Le Kangal est très observateur, en éveil 24h/24, sa vigilance est sans faille et il est incorruptible. Il ne se laisse pas distraire pendant son travail, il se sent responsable de ceux qui lui sont confiés. C’est aussi une assurance de survie dans son pays où les prédateurs sont nombreux et la vie précaire. Mais il n’est jamais agressif inutilement ou gratuitement.
Le Kangal aime travailler et ses capacités d’adaptation sont énormes. Il aboie peu et seulement pour ce qui lui paraît être à bon escient. Il respecte son maître si celui-ci lui a clairement indiqué sa place. Il s’éduque fermement mais sans aucune brutalité (une main de fer dans un gant de velours). Il ne comprend pas la violence et devient alors imperméable à tous ordre. Une complicité doit s’instaurer avec le Kangal qui donne alors la pleine mesure de ses capacités.
Avec les moutons il est extraordinaire. Il sait les apprivoiser et aime leur compagnie. Il est par ailleurs intraitable envers les prédateurs potentiels qui s’approcheraient de son troupeau. Il leur laisse un périmètre de sécurité au-delà duquel il les prévient de sa présence et joue un rôle dissuasif mais gare à l’animal qui dépasserait ces limites. De dissuasif, il deviendrait persuasif. Son rôle est avant tout de chasser l’intrus hors des limites mais il ne craint pas l’affrontement s’il n’a pas le choix.


 Vis-à-vis de l’homme, le Kangal est chien, en général, plutôt sociable, mais il saurait se montrer dissuasif vis-à-vis de celui qui dépasserait certaines limites sans pour autant l’agresser. Il sait même neutraliser si nécessaire sans agression.
En présence de son maître, il analyse le comportement de celui-ci vis-à-vis de l’intrus avant d’intervenir. Si son maître est amical, il le sera également, s’il est méfiant, il sera sur ses gardes, en cas de conflit le Kangal interviendra fermement en maîtrisant le danger.
Mais en Turquie, les prédateurs sont des animaux, l’inconnu devra donc simplement s’abstenir de toucher à son troupeau ou de s’en approcher de trop près. Il protège instinctivement ceux qui lui sont confiés et travaille en parfaite harmonie avec le berger.
Son mode de vie dans sa région d’origine n’est pas étranger à son comportement. Les chiots naissent entre mars et septembre dans les villages, soit dans une dépendance, soit dans une meule de foin voire même dans un terrier creusé parfois comme j’ai pu le voir sur la place du village.
Ils sont manipulés très tôt par les hommes, surtout les enfants et grandissent au sein de la communauté humaine et animale ce qui leur confère leur sociabilité mais ne leur retire en rien leur instinct de protection. L’hiver, ils dorment à l’abri dans les bergeries, au printemps suivant, ils suivent leurs aînés, souvent des mâles, le berger, l’âne et le troupeau sur les hauts plateaux. Les femelles sont parfois aussi de la partie, tout dépend du nombre de chiens que possède le village ou la ferme. Elles sont d’ailleurs tout aussi efficaces que les mâles mais moins corruptibles, les louves en chaleurs ne les intéressent pas. Mais souvent elles attendent des petits ou allaitent et restent alors au village.
Les chiots étant sevrés tôt, il n’est pas rare de les voir ensuite repartir au travail. La vie des mâles est légèrement différente. S’ils sont à plusieurs à la protection des troupeaux et vivent alors en bonne entente, au village, ils sont attachés pour éviter les conflits éventuels dus aux femelles en chaleur, ou tout autre problème de territoire.
Les femelles pour leur part sont en liberté sauf pendant leurs chaleurs où elles sont enfermées. Le mâle utilisé comme géniteur est en général celui qui a affronté les loups avec succès, le plus « courageux ».
Le Kangal est un formidable outil de travail pour le berger mais ce n’est pas un chien parfait pour autant. Quelques petit défauts : il est têtu, il est curieux, il aime faire des trous et attrape tout ce qui est taupes, mulots souris pour en faire son déjeuner. Il n’aime pas l’oisiveté, il aime se rendre utile.
Mais quand on vit avec un Kangal on ne peut plus s’en passer.
Les propriétaires de chevaux s’intéressent souvent au Kangal dont le tempérament calme convient parfaitement à la vie avec la gent équine.


Il tient aussi très bien son rôle de chien de compagnie, à la fois complice et protecteur. Si son tempérament indépendant lui permet de supporter l’absence de ses maîtres pendant leur journée de travail, il n’est pas question pour eux de l’oublier lorsqu’ils sont là, il aime la compagnie, les caresses, les enfants et participer à la vie de famille.
Le Kangal a besoin d’un territoire donc d’un jardin, un appartement ne lui convient pas.
Mais il est impératif de garder à l’esprit qu’un Kangal n’est pas un chien de garde mais de protection. Il aboie donc à bon escient et ne se déplace que s’il sent un danger potentiel, une situation anormale. Il est très observateur et fait preuve de ténacité. Rien n’échappe à ses sens exacerbés. C’est un chien fiable et sûr.